GPA de Sologne…

Depuis longtemps le marché de la munition de grande chasse appartient en très grande partie aux étrangers. Il y a l’Allemand RWS avec sa célèbre TIG, mais pas seulement. Le Suèdois NORMA occupe également une place non négligeable et puis il y a aussi les Américains avec Winchester et Remington, mais également Fédéral, Sako, Hornady et… et tous les autres.

Et dans les autres justement, où en est la France ? La France avec son armurerie Stéphanoise… Et bien finalement peut-être pas si à la traine qu’on pourrait le penser. Il y a tout d’abord les balles SAUVESTRE du Groupe Tiphan Industrie dont nous reparlerons dans un autre article de ce Blog et puis il y a la Cartoucherie Sologne. Si l’un des points forts de Sologne est de proposer une multitude de chargements pour des calibres pour lesquels il est parfois bien difficile de se procurer des munitions, celle qui nous intéresse ici est le fer de lance de la marque, la balle GPA. Trois lettres qui sonnent bien et qui se traduisent par Grande Puissance d’Arrêt. Voilà une bien belle promesse. La GPA fait partie des balles dites de troisième génération, c’est à dire « monolithique » ou en d’autres termes, fabriquées dans un seul et même alliage.

Son histoire

Née de l’imagination d’André Quinsa en 1996, la GPA est certainement la balle qui a propulsé la Cartoucherie Sologne née 5 ans plus tôt et qui avait bien du mal à se forgée une image de jeune entreprise parmi toutes les anciennes marques très bien implantées sur le marché de la munition. En 2006, Thibault Vuillemey, ingénieur et actuel dirigeant de Sologne, repense la GPA afin de l’optimiser. Elle fait aujourd’hui partie des références mondiales au point d’avoir été source d’inspiration pour quelques autres balles dont la KALAHARI de Norma.

Une identité bien marquée

Extérieurement, la GPA se reconnait assez facilement. Elle présente des formes plutôt anguleuses. Si le terme ogive est souvent mal employé à la place de projectile, il est ici complètement à exclure. Aucune courbe n’est observée et la GPA semble avoir été dessinée à la règle. L’arrière tout d’abord, se présente de forme fuyante ou plus communément appelé « boat tail« . Ensuite, le corps lu projectile laisse apparaitre des anneaux de cerclage entrant en contact avec le fond de rayures du canon, limitant ainsi les frottements et offrant de ce fait une moindre résistance. Vient enfin la partie visible d’une cartouche chargée qui présente un anneau à bord tranchant. Cette solution est assez souvent reprise dans les munitions toutes générations confondues. La pointe quant à elle, se présente sous la forme d’un cône à pointe creuse avec un cône inversé à l’entrée de la cavité dans laquelle on peu observer 4 amorces de rupture.

Comment ça marche ?

A l’impact, le bord tranchant poinçonne la peau laissant ainsi un trou d’écoulement pour le sang. Dans le même temps, la matière organique rempli la cavité au point de faire champignonner le devant du projectile avant de voir les pétales se séparer du reste du noyau (environ 70% de la masse) qui continue sa progression pour ressortir assez souvent du corps du gibier (pas trop massif toutefois).

De part sa conception « monolithique« , la GPA est une balle légère pour chacun des calibres dans lesquels elle est chargée.

7.4, 8.6 ou 9.3 g en 270 Winchester

8.6 et 9.3 g en 270 WSM

8.0 et 9.7 g en 7×64, 7x65R et 7 Rem Mag

9.6 et 11.7 g en 300 Win Mag

11.7 g en 30-06

10.1 et 12.7 g en 8×57 JRS

11.6 et 15.4 g en 9.3×62 et 9.3x74R

…pour ne citer que les principaux.

Sa destination

Malgré son poids contenu, ce n’est pas vraiment une² balle rapide et sa vélocité s’érode assez rapidement. Parfaite pour les tirs d’affût ou d’approche jusqu’à plus ou moins 150 m suivant le calibre, sa trajectoire chute ensuite très rapidement faute d’un profil aérodynamique, demandant une correction importante. Après tout, 150 m c’est déjà une belle distance et la majorité des tirs en France se font en dessous. Par contre, l’absence de noyaux lui confère un équilibre remarquable ce qui en fait une balle très précise. Et puis la GPA, elle a surtout été développée pour la Battue où elle rempli parfaitement son rôle de balle à Grande Puissance d’Arrêt. Là où elle est décriée, c’est au niveau sécurité.  Pourtant, jusqu’à présent, aucun accident n’a mis directement en cause la GPA. C’est également assez souvent le cas avec des balles traditionnelles à noyau non soudé et c’est même parfois pire. J’ai récemment vu un petit sanglier de 35 kg avec un trou de 5cm de diamètre correspondant à l’entrée de la balle. Il s’agissait d’une TIG qui avait accroché un baliveau quelques mètre avant et qui visiblement, avait frappé sa cible dans un état de déformation avancé. L’observation du biotope montrait clairement des impacts de fragmentation sur la végétation environnante. Cette conception à fragmentation programmée de la GPA à néanmoins déjà fait couler beaucoup d’encre. N’est-ce pas sans rappeler une certaine H-MANTEL de RWS, au demeurant extrêmement efficace, mais tant décriée et interdite dans certaines sociétés de Chasse pour des raisons de sécurité ? C’est quand même curieux de voir comment on peut critiquer deux munitions d’une efficacité reconnue pour les risques qu’elles font encourir alors qu’aucun accident n’est à déplorer. On trouve sur le marché bien d’autres munitions qui perdent un partie de leur masse sans que pour autant personne n’ai rien à y redire.

Mon avis et expérience après 10 ans d’utilisation de la GPA en calibre 270WSM

Aujourd’hui en 2022 et avec 10 ans d’expériences en battue ou à l’approche et pas mal d’animaux au tableau, ce que j’en dis, c’est que La GPA n’est pas plus dangereuse que n’importe quelle autre balle si le tir se fait dans les angles de sécurité. Après observation des animaux prélevés, j’ai presque toujours retrouvé les pétales dans le corps de l’animal et seul le noyau ressortait. Et si un pétale est sorti sur quelques tirs, je pense sincèrement qu’il n’avait plus l’énergie nécessaire pour parcourir un long trajet et occasionner des dégâts importants. Par contre ce que je peux affirmer, c’est que la GPA m’a donné beaucoup de satisfactions. Avec ma Browning X-Bolt en calibre 270WSM qui n’a pas la réputation d’être un calibre de battue, ben oui mais je n’aime jamais rien faire comme tout le monde, la GPA m’a permis de prélever de beaux sangliers et même une vingtaine de grandes pattes qui n’ont pas traversé le département avant de tomber. A la veille de passer obligatoirement au sans plomb pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, je conseillerais la GPA sans aucune hésitation. J’ai changé ma carabine cette année pour une Sako S20 en calibre 30-06 et j’ai voulu tester les munitions Sako Powerhaed Blade pour jouer le jeu de la marque finlandaise, mais je n’exclus pas de revenir un jour à la GPA si je n’obtiens pas d’assez bons résultats avec les Sako.

Tu veux passer au sans plomb mais tu hésite encore à prendre cette balle que certaines qualifient de dangereuse ? N’hésites plus ! Elle a fait ses preuves dans de nombreux calibres et je suis certain qu’elle te donneras comme à tant d’autres de nombreuses satisfactions.