Si chez le Chevreuil le rut intervient entre le 15 juillet et le 15 août, la longue gestation de 290/300 jours ne se déroule pourtant pas de façon linéaire, mais en deux temps bien distincts. A une première période de environ 150 jours, appelée diapause embryonnaire, succède une seconde période de 144 jours durant laquelle l’embryon se développe très rapidement. Alors que celui ci ne mesure que 3 cm début janvier, il atteint déjà 20 cm fin mars pour une mise bas en mai d’un faon qui pèsera entre 1.5 et 2 kg. La croissance de la Chevrette sera alors déterminante sur la croissance de l’embryon le poids des faons.
En fonction de la rudesse de l’hiver, la Chevrette n’abordera pas le printemps sous les mêmes conditions. La nourriture d’hiver n’est en effet pas aussi riche qu’en d’été. A titre d’exemple, il suffit de 6 kg de matière verte pour produire 1 kg de matière sèche en été alors qu’en hiver il en faudra 15 kg pour cette même quantité. Outre cette richesse, le niveau de digestibilité de l’alimentation est beaucoup moins bonne en hiver par une teneur en fibres trop importante, provoquant régulièrement des diarrhées affaiblissant la Chevrette. La teneur en cellulose est beaucoup plus importante lors des trois premiers mois de l’année. Durant cette période difficile, les Chevreuils apprécient tout particulièrement le lierre et la ronce. En Allemagne, les Chasseurs sont particulièrement sensibles à la gestion du petit cervidé et récoltent en été la ronce qui, une fois séchée, sera redistribuée régulièrement pendant l’hiver aux Chevreuils qui l’apprécient bien plus que le foin destiné au bétail. En France, s’il est pour habitude de nourrir les sangliers, bien peu de cas est apporté au Chevreuil et ces pratiques ne se rencontrent que très rarement.
De par sa sédentarité, le Chevreuil est pourtant un animal qu’il est plus facile d’observer et de gérer sur de petites surfaces. Il est également observé que la consommation de graminées est plus importante sur des sols naturellement riches ou amendés en chaux ou phosphate. Un apport en minéraux pendant la période hivernale peut représenter une bonne solution pour favoriser à la fois le développement du squelette des faons et la repousse des bois chez les Brocards, car contrairement aux Cerfs, celle-ci se fait pendant une période particulièrement difficile.
La Chevrette peut être fécondée dès le rut qui suit sa première année alors qu’elle n’est âgée que de 14 mois. Elle aura ainsi deux ans lors de sa première mise bas et il est important qu’elle soit en parfait état de santé. Du poids des Chevrettes dépend directement le poids des faons. En cas de mauvaises conditions météo en mai, le taux de survie des faons issus de Chevrette de forte corpulence sera bien supérieur.
En contrepartie, un printemps raisonnablement pluvieux offre une alimentation de bonne qualité et pour peu que les fenaisons soient retardées de quelques semaines, leur corpulence suffisante permettra peut-être à quelques faons d’échapper aux monstrueuses faucheuses qui lancées à plus de 20 km/h ne laissent rien sur leur passage, mais ceci est un autre débat…