En 2010, BLASER lançait 4 nouveaux calibres « Magnum » sur la marché.
Ouah! On pouvait dès lors s’attendre à « quelque chose » et venant de BLASER, le pire était de toute façon écarté.
Ce lancement faisait apparaître un 7mm, un 300, un 338 et un 375. Après deux précédents lancements dont le 30R (un 300 également) pour armes basculantes développé en collaboration avec RWS et un 45 presque tombé dans l’oubli dès sa sortie et totalement inconnu de la majorité des chasseurs, c’est cette fois NORMA qui était choisi pour le développement de ces quatre « magnum ».
Qu’en est-il quelques années plus tard?
Le 30R, de nombreux Chasseurs connaissent et il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des Express de différentes marques chambrées pour cette munition plutôt chaude. Pour les 4 dernières, il en va tout autrement. Le 45 Blaser étant tombé dans l’oubli, on aurait pu penser que BLASER avait préparer son coup médiatique en lançant simultanément ces 4 calibres destinés cette fois-ci, aux armes à verrou.
Le succès de la carabine R93,…
…puis de la R8,…
…allait sans aucun doute contribuer au développement commercial de ce munitions d’exception.
Le premier problème rencontré fut que ces calibres sont tous en doublons d’autres calibres déjà largement diffusés et proposés dans la longue liste des calibres disponibles pour les armes BLASER. A côté du 7mm Blaser Mag. trône le 7 Rem. Mag.. A côté du 300 Blaser Mag., on trouve le 300 Win. Mag.. Le 338 Blaser Mag. côtoie le 338 Win. Mag. et le 375 Blaser Mag. se trouve dans l’ombre du 375 H&H… quatre calibres mondialement connus et chambrés par de nombreuses marques, dont BLASER lui même !?
Une chose paraissait évidente : « si BLASER vends des armes dans ces calibres et qu’en parallèle il développe ses propres calibres dans les même diamètres, c’est qu’il apporte beaucoup plus ». Il me tardait alors de les comparer et de mettre en avant les progrès apportés par la marque d’Isny. Afin de procéder à une comparaison équitable, je suis parti de la balle NORMA ORYX disponible dans ces quatre calibres avec à chaque fois, un poids de projectile équivalent.
Commençons par le plus petit, le 7mm. Là où le 7Rem. Mag. développe une énergie de 4 092 joules pour une balle de 10.1g lancée à 900 m/s, le 7mm Blaser Mag. développe 4 323 j à 925 m/s. Sans être révolutionnaire, le progrès est bien présent avec en plus, des pressions plus basses et ceci reste valable pour les trois autres. Passons maintenant au 300. La 300 Blaser Mag. de 11.7 g est propulsée à 890 m/s avec une énergie de 4 810 j pour seulement 860 m/s et 4 636 j pour la 300 Win. Mag. Le 338 Blaser Mag. atteint quant à lui 860 m/s et développe 5 312 j alors que le 338 Win. Mag. ne dépasse pas 840 m/s et une énergie de 5259 j avec une balle de 14.9 g. Le 375 Blaser Mag. lance cette fois-ci une balle de 19.4 g à 820 m/s qui développe une énergie de 6 539 j contre 780 m/s et 5904 j pour le 375 H&H. Je précise que ces chiffres sont ceux annoncés par NORMA et que la vérité du chronographe donne bien souvent des différences assez importantes. La pression atmosphérique et les canons de laboratoire dont la longueur et le pas de rayure idéal différents y sont pour beaucoup dans ces écarts. Par contre la régularité légendaire des munitions NORMA a de quoi rassurer sur la qualité de ces quatre nouveaux calibres.
Alors pourquoi sont-ils toujours si peu diffusés aujourd’hui? Il y a plusieurs raisons à cela. D’une part, des nouveaux calibres, il y en a régulièrement qui viennent s’ajouter à la liste pourtant déjà impressionnante de ceux disponibles sur la planète. En son temps, VOM HOFE avait eu beaucoup de mal à persuader les fabricants du bien fondé de ses, pourtant très intéressants, calibres (dont le 7×66 Vom Hofe) qui ont fait le bonheur de nombreux possesseurs de Kiplauf, Express et autres Mauser 66.
Les calibres VOM HOFE qui avaient apporté un vrai plus en leur temps sont néanmoins retombés dans l’oubli et aujourd’hui, plus aucune manufacture ne les chambre dans des armes modernes. Sans la cartoucherie SOLOGNE, il serait même difficile de se procurer ces munitions. Plus proche de nous, les WSM ne sont pas parvenus à s’imposer dans les rayons de nos armuriers et seul le 270WSM a réussi son entrée sur le marché. Sa trajectoire rasante et son recul prévenant en font, il est vrai, une cartouche idéale pour le tir de nos mammifères européens, même et surtout à grande distance. Une autre raison de la difficulté à percer est le fait que ces quatre calibres sont restés dans le giron de BLASER et il est aisé de comprendre pourquoi. Aussi bons soient-ils, ils n’ont pas apporté de réelle révolution et personne n’a trouvé d’intérêt à proposer des armes ainsi chambrées sur un marché mondial en crise avec un énorme travail de développement marketing alors qu’il est facile de se procurer des munitions en 7 Rem Mag., 300 Win. Mag., 338 Win. Mag. et 375 H&H chez pratiquement tous les armuriers et presque partout dans le Monde. Depuis les années 40, Roy Weatherby y était parvenu malgré le côté « artisanal » du départ, mais ses calibres successifs (toutefois pas tous) apportaient alors un progrès immense par rapport aux munitions existantes et Roy Weatherby qui avait un sens particulier du marketing, n’hésitait pas à se faire photographier avec ses réalisations aux côtés de stars du cinéma ou hommes politiques.
C’est pourtant bien cette image de « SUPERFORMANCE » que BLASER dont la réputation n’est plus à faire essaye de donner à travers ses nouveaux calibres.Il est malgré tout bien difficile de détrôner les anciens qui se sont faits une place au soleil.
Le 7mm? C’est pourtant également de l’autre côté du Rhin que sont histoire débute avec le 7×57 de chez MAUSER, puis ce sera le 7×64 Brenneke , un « magnum » du premier qui n’a jamais dit son nom. Enfin, le 7 Rem. Mag. venu, lui, d’outre Atlantique et qui se présente comme un « magnum » du « magnum« . Le 7mmWSM quant à lui, reste pour l’instant relativement confidentiel.
Le 300 doit son succès au 300Win. Mag. qui à son tour doit en grande partie son succès en Europe à la carabine semi-automatique BAR de BROWNING. La mutation du Chasseur de petit gibier dans les années 70/80 vers le Chasseur de grand gibier qu’il est devenu a favorisé la vente des armes rayées et la sortie de la BROWNING BAR associée au calibre 300 Win. Mag. (parce que proposée ainsi pour des raisons commerciales) ont rencontrés un vif succès à tel point que l’on entendait régulièrement certains Chasseurs dirent qu’ils avaient une 300 BAR. Cette association (balistiquement pas très logique) était purement commerciale chez nous, où la Chasse en battue est prépondérante, alors qu’il avait initialement été développé pour le tir des animaux de grande taille à longue distance par le biais d’armes à verrou!!!
Le 338 Win. Mag., lui, jamais réussit à vraiment percer sur notre continent. Il aurait pourtant parfaitement sa place dans nos Chasses européennes au côté des 35 Wehlen, 9.3×62 et 9.3x74R. Il est vrai que dans le domaine de la « SUPERFORMANCE » le 338 Lapua Magnum fait encore mieux, mais personne ne peut nier que cette cartouche fait plutôt dans le « brutal » et il n’y a qu’à comparer sa capacité en volume de poudre pour s’en convaincre.
En comparaison, la première est une 308 Winchester, la seconde une 300 Winchester Magnum (la référence en 300) et la troisième l’impressionnante 338 Lapua Magnum développée en Finlande… à Lapua. (Quand ils sont lancés dans la course aux performances, ils ont de l’élan ces finlandais)
Le 375 enfin a puisé sa notoriété en Afrique avec le 375 H&H chambré dans de nombreuses Double Express. Son efficacité a été mise en évidence sur toutes les grandes Antilopes jusqu’à l’Eléphant en passant par le Buffle, le Lion ou le Rhinocéros, avec toutefois une certaine prudence sur les plus gros pachydermes.
On comprend aisément que s’attaquer aux références avec une appellation très proche n’était pas gagné d’avance. Toujours est-il que NORMA a parfaitement choisi les projectiles. Ce choix fait la part aux Chasses individuelles et il est clairement établi que les armes chambrées dans ces quatre calibres ne se destinent pas à la battue. C’est plutôt vers des Chasses à l’étranger qu’ils devraient trouver leurs adeptes, même si pour l’instant, il est plus facile de se tourner vers les calibres WEATHERBY (également chambrés dans les armes BLASER), plus performants (rapidité et flèche à longue distance) que les « magnums classiques » que nous venons d’évoquer, avec encore une fois une plus grande facilité pour s’approvisionner en munitions. Car quand on parle de « SUPER MAGNUM » c’est bien aux calibres développés par ROY WEATHERBY que l’on pense immédiatement.
De plus, ce terrain des « SUPER MAGNUM » est justement déjà occupé dans sa totalité par WEATHERBY puisque l’on trouve outre un 270 WBY Magnum, un 7mm WBY Magnum, un 300 WBY Magnum, un 338 WBY Magnum et un 378 WBY Magnum, tous parfaitement connus des amateurs de Chasse exotiques.
Si de son côté le 270 WSM est parvenu a s’imposer, c’est grâce à une belle opération marketing sur le fait qu’il apportait, en plus de l’amélioration des performances du 270 Win. bien connu chez nous, un deuxième plus: « être chambré dans des armes à action courte« .
En conclusion?
Sans apporter de véritable révolution, les « Magnum Blaser » sont tout de même d’excellents calibres qui procurent un peu plus de « pêche » pour un peu moins de « recul » (pressions raisonnables) que les « magnums classiques« , hormis le 375 qui reste un peu brutal, il faut bien l’avouer. La raison de leur quasi confidentialité pour le moment tient à leur principal défaut : l’absence d’armes pour les tirer empêche tout simplement leur diffusion…