Une Approche réussie !

Encore pratiquée il y a quelques années par une minorité de chasseurs, la Chasse individuelle de début de saison fait de plus en plus d’adeptes avec une moyenne d’âge plus jeune que la moyenne des chasseurs de manière géénrale. Si dans nos départements de l’Est de la France la pratique est plutôt ancienne (la culture germanique n’est pas loin) dans certains département un tel mode de chasse n’était pas envisageable il y encore peu de temps et la pratique apparaît plutôt nouvelle pour ces régions.

Une pratique qui demande du savoir-faire

Pour certains chasseurs, qui confondent d’ailleurs Approche et Affût, la Chasse individuelle n’est pas de la Chasse, mais simplement de l’abattage. J’invite tous ceux qui pensent cela à découvrir ce mode de chasse et s’apercevoir que ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et que cela demande un certain savoir-faire. Je laisserai aujourd’hui de côté l’Affût -qui est aussi une chasse intéressante, mais qui fera l’objet d’un autre article- pour nous cantonner  uniquement à l’Approche qui représente une chasse remplie d’émotions.

Une bonne préparation

La première préparation sera d’ordre mentale. Oubliez l’idée d’un résultat facile dès la première sortie. Il faut se mettre à l’esprit que si la Chasse à l’Approche est une chasse durant laquelle on se déplace, le mot d’ordre est pourtant l’immobilité. « On a le temps ». Il ne s’agit pas d’arpenter de nombreux hectares, mais au contraire de mettre à profit la préparation que l’on aura faite au préalable. Une belle Approche, ce n’est pas couvrir des kilomètres jusqu’à la rencontre hasardeuse d’un animal. Il y a des étapes à respecter et je vais vous apporter quelques conseils qui, je l’espère, pourrons aider les plus novices d’entre vous.

La Carte

Une belle Approche ne peut se concevoir que sur un terrain que l’on connait. Le conseil que je donnerai à ce niveau est de se procurer une carte du territoire (une Carte IGN est très bien) et de faire quelques photocopies agrandies des différentes zones sur lesquelles on aura noté quelques informations importantes telles que la nature des cultures et le vent si il est régulier sur certains secteurs et le sens d’ensoleillement en fonction des heures de la journée . N’oubliez pas que le gibier est chez lui et qu’il a une parfaite connaissance de son territoire. Vous devez en apprendre le plus possible vous aussi. Plusieurs sorties seront nécessaires pour connaître votre terrain de chasse, même si vous pensiez que cela était acquit.

Le Repérage

Faites vos premiers repérages à des heures d’activité humaine. C’est à ces heures-là que vous dérangerez le moins. Pensez à prendre une paire de jumelles, elles vous serons utiles pour repérer d’éventuels animaux. Bien évidemment, les sangliers ne seront pas observables pendant la journée, mais la présence d’un beau Brocard de récolte peut facilement être envisageable. Profitez de ces sorties pour repérer les coulées de gibier et de les reporter sur votre carte. Essayez d’imaginer votre parcours d’Approche et éventuellement de le préparer.  Si vous procédez à l’aménagement d’un chemin d’approche, nettoyez au mieux le sol des feuilles et branches qui pourraient trahir votre présence et n’oubliez pas de l’entretenir, la végétation change rapidement au printemps.

Apprendre à se déplacer

Ne l’oubliez pas, les animaux sont chez eux et si le déplacement des autres animaux leurs sont familier, le votre les mettra très certainement en alerte. Les humains ne se déplacent pas comme les quadrupèdes et les bruits qu’ils émettent sont particuliers, vous n’échapperez pas à la règle. Aussi, il sera bon de progresser avec une lenteur extrême. Il est recommandé de ne pas dépasser 10 pas à la minute et que ces pas soit le plus silencieux possible, ponctués de longs moment d’immobilité. Utilisez au maximum la végétation et le relief pour vous dissimulez. Un fossé, une haie des balles de foins ou de paille seront autant d’obstacles avec lesquels vous pourrez jouer pour rester « invisibles ».

Déjouer les sens du gibier

Premier sens, je viens d’en parler, l’ouïe. Je me répète, mais les animaux sont chez eux et ont l’habitude des bruits environnants qui ne représentent pas de danger. Vous devrez, et je vais y revenir, adopter une tenue adaptée qui permet de minimiser le plus possible les bruits étrangers. L’odorat est un sens particulièrement développé chez tous les animaux et il conviendra de progresser « à bon vent » afin de ne pas se faire repérer. Une poire à poudre vous permettra de mesurer les courants d’air même par vent faible. Il conviendra ensuite de progresser face au vent ou avec un vent de travers qui éloignera vos odeurs de l’odorat du gibier. Certains vêtements sont dotés d’un traitement anti-odeurs j’y reviendrai. Autre sens, la vue. Alors effectivement, les ongulés ne sont pas les mieux dotés sur ce point et leur vue n’est pas des plus efficace. Attention toutefois, le Chevreuil procède par photographies. Il regarde dans une direction puis se reconcentre à ses occupations pour ensuite relever la tête et re-photographier à nouveau. Si quelques chose à changé dans le paysage, la méfiance prend le pas sur sa curiosité légendaire et vos chances s’amenuisent. Faites également très attention à la brillance de certains éléments de votre équipement. Lunettes de visé, culasse trop bien polie ou canon au noir brillant ne sont pas les plus adaptés à ce mode de chasse. Et si vous chassez le Renard, sachez que c’est un prédateur et que contrairement aux ongulés, il possède une excellent vue.

Une Tenue adaptée

Un point important, vous devrez choisir une tenue parfaitement adaptée à la réussite des votre approche. Oui, mais une tenue adaptée c’est quoi ? Alors c’est tout d’abord une tenue qui répond au climat  présent pendant vos jours de chasse. Pour la Approches estivales, il vous faudra une tenue légère. Inutile d’avoir une membrane super imperméable (sauf pour les Approches d’automne et d’hiver bien entendu et aussi dans certains cas particuliers que j’évoquerai plus tard) souvent un simple traitement déperlant suffira. Par contre, des ouvertures d’aération peuvent se révéler utiles pour ventiler par forte chaleur, même si je ne conseille jamais de chasser par des températures trop élevées car prélever c’est bien, mais ensuite il faut traiter le gibier dans les meilleures conditions et dans les plus brefs délais et là, ça se complique.

Revenons à notre tenue. Certaines tenues, comme je viens d’en parler sont dotées d’un traitement anti-odeurs. Cela est un plus, mais prenez bien en considération que sont efficacité va diminuer au fil des lavages et que de toute façon, cela ne vous dispense pas de respecter les règles élémentaires. Inutile de vous préciser que pour camoufler les odeurs de transpiration, la bonne dose de déodorant est à proscrire de même que le parfum, vous ne vous rendez pas dans une agence de rencontre. Si vous le pouvez, stockez votre tenue dans un endroit où elle pourra prendre les odeurs de la forêt. L’astuce est de l’enfermer dans l’armoire prévue pour les vêtements de chasse dans laquelle on aura préalablement stocké quelques branches et feuilles prélevées dans la forêt. Le camouflage est-il obligatoire ? Je vous répondrai « non », mais il avantage grandement la dissimulation s’il est bien utilisé. Bien évidement, la meilleure tenue de camouflage au milieu d’un champ de céréales fraichement récolté ne servira pas à grand chose, mais pour se confondre avec une haie ou une lisière de forêt, se sera un vrai plus. Le plus important sera toujours la dissimulation du visage et des mains qui présente une véritable carte d’identité pour le chasseur. A ce titre je vous conseillerai les tenues DEER STALKER de HÄRKILA ou FURUDAL de PINEWOOD. Le choix se fera en fonction de votre budget et de vos préférences de marque, les 2 étant de très bonne qualité. Un Pantalon léger, complété par un T-Shirt à manches longues avec une paire de gants légers, une casquette et un masque pour visage, et vous voilà équipé. Une polaire légère ou un sweat pour se prémunir des matins frais peut venir épauler la tenue de base. Dans tous les cas la tenue doit être confectionnée dans un tissus silencieux afin d’émettre le moins de bruits de frottements possible.

Le BRUIT, c’est l’ENNEMI

Faites particulièrement attention au sol sur lequel vous marchez, votre progression sera aussi difficile que celle des GI’s  dans le bocage normand en 1944. Les mines sont moins dangereuses, mais peuvent anéantir en 1 fraction de seconde vos chances de réussite. Je vous l’ai dis précédemment, il peut parfois être utile de préparer son chemin d’approche, mais cela demande du temps de préparation et d’entretien par la suite. Quoi qu’il en soit, une Approche réussie se prépare et le parcours doit être choisi de manière à ne pas avoir d’obstacle important à franchir. Une haie épaisse ou une clôture sont autant de sources à éveiller l’ouïe des animaux. Mettre la main sur les barbelés peux faire du bruit jusqu’à l’autre bout de la clôture. Une paire de jumelles qui vient cogner sur la crosse ou simplement le frottement d’une fermeture éclair. Portez un soin particulier à la façon dont vous portez votre matériel. En faisant abstraction à l’arme que je traiterai dans un autre sujet, deux accessoires sont absolument indispensables : la Paire de Jumelles et la Canne de Pirsch.

Préparer son équipement

Une bonne Approche ne saurait se concevoir sans une parfaite identification du gibier à distance et les Jumelles seront indispensables. L’autre règle intervient au moment du tir et il est tout aussi inconcevable de procéder à un tir sans s’assurer d’une parfaite stabilité et une Canne de Pirsch représente l’élément de base de tout bon Pirscheur.

L’Approche, une Science inexacte

Maintenant que vous avez choisi avec soin votre équipement, place aux techniques qui mènent à la réussite de votre approche. L’Approche est une science et comme toutes les sciences, elle est inexacte et possède ses exceptions. Partez en ayant pris soin de prendre suffisamment de temps. Si vous êtes à la bourre, remettez votre chasse à une autre fois, vous avez déjà perdu. Garez-vous assez loin et ne claquez pas les portières, le gibier n’est peut-être pas tout-à-fait à l’endroit que vous imaginiez et il pourrait être mis en alerte dès votre arrivée. Si vous empruntez un chemin pour vous rendre sur votre parcours d’approche, marchez dans l’herbe, le bruit des chaussures sur les cailloux, même avec prudence, trahiront votre présence immédiatement. Partez en ayant connaissance des coulées fréquentées et, encore mieux, en connaissant l’endroit où vous allez rencontré le gibier convoité. Faites malgré tout preuve d’humilité et sachez que l’Approche est une science, et que comme toutes les sciences, elle à ses règles et ses exceptions. Il se peut que l’animal convoité ce jour-là ne soit pas présent ou rencontré beaucoup plus tôt avec une énorme surprise pour vous (et uniquement pour vous je l’espère). Mais pour la majorité dès cas, la récolte d’un maximum d’indices sera précieux pour mettre toutes les chances de votre côté. C’est un enseignement riche sur les habitudes des animaux et une grande école de la chasse. Néanmoins attention, du jour au lendemain, les habitudes changent parfois. Le comportement ne sera pas non plus le même le matin que le soir, de même que les courants d’air. Ne négligez pas non plus le temps de midi pour le Brocard si la météo vous le permet, cela peut réserver de très bonnes surprises. Et pour parler de météo justement, une éclaircie après une pluie d’orage peut devenir un moment à privilégier. La brouillard peut aussi être un moment à privilégier car il diminue la visibilité du gibier (la votre aussi) et absorbe les bruits. Attention toutefois à la sécurité, il faudra bien prendre soin de limiter la portée de son tir. En période de sécheresse, ce qui arrive malheureusement de plus en plus souvent, les points d’eau sont à surveiller pour le sanglier qui à besoin de boire et de se réguler thermiquement. Le Chevreuil, lui, ne boit que très rarement et se désaltère grâce à la rosée du matin. Les endroits présentant une herbe plus verte et fraiche sont à surveiller particulièrement.

Prêts pour l’aventure

Maintenant que vous êtres bien préparé, place à l’aventure. Bon, ok, ce n’est pas une chasse exotique au fin fond de la planète, mais une chasse dont les limites sont votre compétence et que vous pourrez repousser au fur et à mesure de vos expériences.